Le Pont de la rivière Kwai, histoire de la 2nde guerre mondiale
Un peu d’histoire
Pendant la durée de la Seconde Guerre mondiale, la Thaïlande était encore connue sous le nom de Siam et, jusqu’à ce que le Japon envahisse le Siam en décembre 1941, le pays était officiellement neutre.
A noter que le cessez-le-feu fut officiel le 8 décembre 1941 après juste cinq heures de combat, le rapport de force en termes d’armement et d’effectif militaire étant disproportionne entre les 2 pays.
A partir de la guerre sino-japonaise de 1937, le Japon a cherché à remplacer le colonialisme occidental en Asie du Sud-Est par sa doctrine impériale et se devait donc d’envahir les colonies britanniques notamment en Birmanie, Malaisie et Inde.
Mené dans l’enfer de la jungle montagneuse et marécageuse de la péninsule, le projet avait pour but de relier dans l’urgence les réseaux ferrés thaï, birman et ce jusqu’en Inde, alors que les sous-marins alliés entravaient les voies maritimes. L’objectif stratégique des Japonais est alors de faciliter le transport et le ravitaillement des troupes au nord de la Birmanie, où l’armée nippone affrontait les Britanniques, les Américains et les Chinois. La construction de cette voie ferroviaire, appelée « le chemin de fer de la mort » ou « Death Railway » commença en novembre 1942.
De tous les vestiges de l’histoire de la guerre en Thaïlande aujourd’hui, ceux de Kanchanaburi sont les plus significatifs et les plus poignants. À la suite de leur invasion, avec un accès et une utilisation sans entraves aux infrastructures du Siam, le Japon a cherché à créer une route de transport de 415 kilomètres à travers le Siam vers la Birmanie, qu’il occupait également entre 1942 et 1944, afin de réduire sa dépendance au transport maritime et de faciliter les déplacements en Inde.
Cela a pris la forme du désormais tristement célèbre chemin de fer de la mort, construit par les Japonais grâce au travail forcé de centaines de milliers de civils d’Asie du Sud-Est et de prisonniers de guerre des forces alliées. Ces soldats – déplacés de camps à Singapour et ailleurs – venaient principalement du Royaume-Uni et de sa colonie en Inde, des Pays-Bas et dans sa colonie des Indes orientales néerlandaises (aujourd’hui en Indonésie), d’Australie et des États-Unis.
Le chemin de fer de la mort tire son nom du nombre de vies perdues lors de sa construction, y compris celle du pont ferroviaire numéro 277 en juin 1943, permettant à la voie de traverser la rivière Kwai, et qui est devenue mondialement connue comme le pont sur la rivière Kwai.En réalité, il y eut 2 ponts : un pont en bois et bambou et un pont métallique.
Un pont en bois fut d’abord construit et fini le 1er trimestre 1943 pour assurer la liaison entre les 2 berges de la rivière pendant l’élaboration du pont métallique dont les principales structures furent importées d’Indonésie et de Java pour être montées sur place à Kanchanaburi.
Le 1er janvier 1945, les avions américains de la coalition alliée détruisirent le pont en bois et le rendirent inutilisable.
Puis, la Royal Air Force britannique a bombardé plusieurs fois le pont métallique entre février et juin 1945 pour finalement le rendre inutilisable et stopper la liaison ferroviaire entre le Siam et la Birmanie.
Les estimations varient mais pour réaliser cette nouvelle ligne, l’état-major général japonais peut disposer d’une importante main-d’œuvre, corvéable à merci : environ 200 000 « romusha » (travailleurs forcés civils d’Asie du Sud-Est) et plus de 60 000 « soldats-esclaves » occidentaux dont plus de 100.000 périrent au total, et 16 000 rien que pour l’édification du pont de la rivière Kwai.
Même ceux qui ont eu la force de surmonter les difficultés ont dû endurer des conditions de vie et de travail épouvantables, un climat humide et ravagé par la mousson, propice à la propagation des maladies, aux pénuries alimentaires, à l’absence de soins médicaux et à la tâche gigantesque de la construction sur un terrain impitoyable et avec des équipements inadaptés.
Dans les camps, les conditions de vie étaient très dures, le logement et l’hygiène catastrophiques, la nourriture faisait cruellement défaut : du riz moisi et de l’eau impropre.
La plupart des travailleurs forcés tombèrent fatalement malades : malaria, choléra, infections diverses.
Les détenus consommaient tout ce qui est potentiellement comestible, feuilles et racines, serpents, crabes de terre, petits mammifères…
Les détenus, acheminés par bateaux ou trains entiers, ou dans des wagons de marchandises, rejoignaient ensuite à pied les camps situés le long du tracé du chemin de fer, lors d’éprouvantes marches forcées sous la pluie et dans la boue avec un coût humain indescriptible, le chemin de fer de la mort du Japon – en fait le plus célèbre d’un total de quatre ponts que les Japonais ont construits à cette époque – a été achevé en octobre 1943. Pendant un certain temps, il a été opérationnel, bien que les dommages causés par les Britanniques et Les raids aériens américains l’aient rendu inutilisable en juin 1945. Après l’achèvement du chemin de fer, de nombreux prisonniers de guerre qui y travaillaient furent emmenés au Japon ou retenus pour effectuer des travaux d’entretien avant et pendant les bombardements alliés vers la fin de la guerre.
Ce n’est qu’à la fin de la guerre en 1945 que les forces alliées ont libéré les derniers prisonniers du chemin de fer de la mort. Le chemin de fer lui-même a été complètement fermé en 1947 et, le long de la frontière Siam-Birmanie, la seule section de voie pas encore détruite par les bombardements fur mise irréversiblement hors d’usage.
Environ 5600 Japonais ont été poursuivis lors de plus de 2200 procès. Un millier d’entre eux ont été condamnés à la peine capitale. Comme à Nuremberg, un grand procès s’est tenu à Tokyo pour juger 25 hauts dignitaires. Tous ont été déclarés coupables et sept condamnés à mort, dont le général Hideki Tojo. L’empereur Hirohito a en revanche été exonéré de poursuites criminelles par le général américain Douglas MacArthur. La raison d’Etat l’a emporté : en touchant à ce « symbole » de la puissance Nippone, le risque de guerre civile, voire de révolution communiste, était trop grand.
Une sombre page d’histoire retentissante à l’international
Cet épisode tragique a été à l’origine du livre « Le Pont de la rivière Kwaï » du Français Pierre Boulle, également auteur de « la planète des singes », publié en 1952.
En 1942, muni d’un faux passeport anglais, Boulle part en mission en Indochine, contre les Japonais, alliés des Allemands. Sur place, il est chargé de fomenter des révoltes en faisant sauter des ponts. Mais dès son arrivée, il est capturé par des militaires français, fidèles à Vichy. Jugé comme traitre, il est condamné aux travaux forcés à perpétuité, et parvient à s’évader de Saïgon deux ans plus tard. Cette expérience servira de trame à son roman.
Puis en 1958, le fameux film de David Lean, « Le Pont de la rivière Kwaï » remporte pas moins de 26 récompenses -dont 7 Oscars et notamment celui du meilleur film, de la meilleure musique avec « Hello le soleil brille-brille-brille… » et Pierre Boulle reçoit l’Oscar du meilleur scénario.
La fin du film diffère de celle du roman puisque dans le livre de Pierre Boule, le pont n’est pas détruit.
Il fut en tourné au Sri Lanka et le pont en bambou, pour être fidèle a celui de l’époque, nécessita 1500 arbres pour sa construction.
Aussi dramatique soit-il, le film ne fait qu’effleurer les atrocités du travail forcé qui était imposé aux prisonniers de guerre par les forces armées japonaises, et les forçats anglais n’ont pas apporté leur savoir-faire à la construction du pont ni fait exploser l’ouvrage. Le pont n’a été bombardé que bien plus tard par les forces alliées.
En 2013, “Les voies du destin” avec Nicole Kidman évoque également la construction du pont à travers l’histoire touchante d’un soldat anglais torturé par un officier japonais. Une terrible periode, qui presque 80 ans plus tard, déchaine encore les passions et interroge sur l’humanité et son histoire contemporaine.
Kanchanaburi et son célèbre pont aujourd’hui
De nos jours, le Pont de la Rivière Kwai est encore là, reconstruit par les japonais en réparation des dommages matériels causés par la guerre. Un pont que les voyageurs pourront emprunter à bord d’un train local, lors de leur séjour privatif en Thailande.
A Kanchanaburi, le Death Railway Museum fait revivre cette tragédie dans l’histoire, juste en face de l’immense cimetière de 7000 sépultures de prisonniers de guerre britanniques, néerlandais, australiens et américains tombés sous les coups et les maladies lors de la construction du pont. Une visite souvent incontournable pour les voyageurs connaissant l’histoire de cette région du Royaume.
Une fois ses visites historiques complétées, les voyageurs découvriront une superbe région comptant de nombreuses ethnies, de beaux hôtels flottants en pleine jungle et d’incroyables sites sauvages. Une étape incontournable lors d’un séjour en Thailande hors de sentiers battus !